mardi 31 juillet 2012

ENCORE UN PETIT EFFORT M. DRAGHI !


La faille du traité de Lisbonne.

 
La crise financière (puis économique) qui traverse l’Europe depuis début 2010 ne doit rien (ou très peu) à la crise des « sub-primes » qui s’était déclenchée deux ans plus tôt aux Etats-Unis. Elle doit tout, au contraire, au traité de Lisbonne signé en octobre 2007 et plus particulièrement à son article 123.
Que dit cet article, « Il est interdit à la Banque Centrale Européenne (BCE) et aux banques centrales des Etats membres d’accorder des découverts ou tout autres types de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publiques des Etats membres. L’acquisition directe auprès d’eux par la BCE ou les banques centrales nationales des instruments de leur dette est également interdite ».
Cet article, qui est la reprise intégrale de l’article 104 du traité de Maastricht, fut directement inspiré des statuts de la Bundesbank allemande et, plus loin en arrière, du dogme économique de l’école monétariste de Chicago (lire « Triple A pour triples ânes »)
 
Mais en termes économiques il s’agissait d’une énormité puisque le résultat prévisible était de livrer les Etats impécunieux (par nature) au diktat des prêteurs privés, secondés par les agences de notation, et les soumettre à la loi du marché en matière de taux d’intérêts. Bref le b... en Europe.
 
Parmi les triples ânes (lire « Triple A pour triples ânes ») qui y ont concouru il convient de saluer le calamiteux Nicolas Sarkozy qui, non content d’être un des initiateurs du traité, précipitera la France dans le cycle ci-dessus, et établissant le triste record de la plus forte croissance de l’endettement du pays (700 milliards d’euros) jamais réalisée au cours d’un seul mandat.
La priorité des priorités du nouveau président serait donc de changer cet article 123 en inversant les propositions, « Il est interdit aux Etats membres d’emprunter ailleurs qu’auprès de la BCE.... seule autorisée, dans le cadre de sa politique de gestion monétaire, à emprunter sur les marchés ». Nous l’avons écrit et répété à l’intéressé et attendons de voir.
 
Mais le temps presse et il semble que le nouveau président de la BCE, à la différence de son prédécesseur, ait compris tout l’enjeu. Pour contourner l’absurdité de l’article 123 il a, dans un premier temps, consenti des prêts aux banques européennes chargées, à leur tour, de prêter aux Etats. 490 milliards d’euros en décembre 2011, 530 milliards en février 2012 (contre 190 milliards d’euros d’emprunts publics acquis par la BCE pour les deux exercices 2010 et 2011). Malgré tout une goutte d’eau par rapport à l’endettement global des pays de la zone euro, plus de dix mille milliards d’euros.
Aujourd’hui, peut être repenti d’avoir contribué au traité de Lisbonne en tant que gouverneur de la banque centrale italienne mais aussi désireux de faire oublier son passage chez Goldman Sachs, Mario Draghi déclare « vouloir faire tout ce qui est nécessaire, dans les limites de son pouvoir, pour préserver l’euros », propos unanimement salués sur tous les marchés.
Nous voulons donc apporter notre concours pour que Mario Draghi devienne, effectivement, le « super Mario » que l’Europe attend en lui indiquant que son pouvoir (il est élu pour 8 ans et ne relève d’aucune autorité européenne) est beaucoup plus grand qu’il ne le croyait. Et pour cela nous l’invitons à lire attentivement le calamiteux article 123 du traité honni. Et il pourra constater, comme nous, que l’interdit vise tout ce qui existe en Europe, sauf les Etats membres (qu’on ne saurait assimiler à des institutions puisque instituer signifie créer et la CE n’a pas créé d’Etats, mais plutôt ce sont les Etats qui ont crée la CE et toutes les institutions qui vont avec). Erreur bénie de rédacteurs et complices punis de leur inconscience.
 
Ainsi la voie est libre. Nul besoin d’autorisation pour que la BCE intervienne massivement sur les dettes souveraines de la zone euro, comme le fait la Réserve Fédérale (qui n’a jamais appliqué les règles monétaristes). Elle aura seulement à fixer aux Etats les règles budgétaires à observer, en contrepartie de son intervention. Ainsi ces règles échapperont, elles aussi, au traité de Maastricht.
 
On arrive donc à cette absurdité que l’indépendance (justifiée) de la BCE, instaurée par l’article 108 du traité de Rome, a fait de son président (s’il veut bien prendre toute la mesure de son champ d’action) l’homme le plus puissant d’Europe, et de loin, sans aucun besoin d’avoir été soumis à un quelconque suffrage!!! Erreur démocratique grossière des rédacteurs des traités, mais aujourd’hui erreur salutaire si l’homme a le caractère assez trempé. De ce pouvoir ainsi acquis nous ne lui ferons aucun grief.

mercredi 25 juillet 2012

HENRI GUAINO ET LES NOTABLES APEURES


Lundi le fantasque Henri GUAINO a déclaré trouver François HOLLANDE plus proche de la France de Vichy alors que lui se sentirait proche de la France de de GAULLE ! Voire.

N’était-il pas, Henri GUAINO, «l’homme à penser» (et dépenser) de la « triade »    Guaino-Guéant-Sarkozy ?    Dont    le    credo    républicain est    paru    à beaucoup plus proche de la «trinité» travail-famille-patrie que de liberté- égalité-fraternité? Qui plus est toujours ardent propagandiste d’une étroite collaboration (en la forme soumise) avec l’Allemagne !
Qu’aurait choisi le citoyen GUAINO en 1940 ? Vichy ou, comme il l’assure, l’ennemi héréditaire anglais auprès de qui un certain général, dont il se réclame, avait trouvé refuge ? La collaboration ou la résistance... verbale ? Le notable apeuré de proximité ou lointain ? Et le calcul de probabilité n’est pas très favorable au notable GUAINO, même à Londres.
C’est ainsi que François HOLLANDE, comme Jacques CHIRAC (à la différence de tous leurs prédécesseurs), ont eu raison de rappeler que la France des Français de 1940 s’était, en très grande majorité, ralliée à la collaboration promue par Vichy. Qu’ils ne furent qu’une infime minorité (surtout de l’intérieur) à s’y opposer (qui ne deviendra majorité qu’à la fin de la guerre...). Et l’idée saugrenue qu’il y ait pu avoir, en ces temps qu’on voudrait effacer, deux France, l’une digne et l’autre indigne, n’est rien moins que le « ce n’est pas moi c’est lui, Monsieur » que l’on entend dans une cour de récréation.

vendredi 13 juillet 2012

IL FAUT RÉFORMER LE TRAITÉ DE MAASTRICH

Monsieur le Président,

Il semble que vous ayez obtenu pour premier résultat, lors de la réunion au sommet de Bruxelles des 28 et 29 juin dernier, un début d’entente sur vos objectifs économiques avec l’Espagne et l’Italie (dont les résistances, inattendues, laissent entendre que vous n’y étiez pas étranger). Et il est indispensable en effet que, face à l’Allemagne, vous suscitiez dans l’euro groupe autant d’adhésions que possibles. Comptez sur les évènements pour favoriser cette stratégie.
Le déblocage obtenu de 120 à 130 milliards d’euros + le soutient aux banques espagnoles et italiennes en fut le premier fruit salué, comme il se doit, par les places financières. C’est bon signe. Malgré tout cela ne représente que 1% de l’endettement global des Etats membres et, passé l’optimisme du jour, le pessimisme reprendra vite le dessus. Pour sortir de la crise il faudra 40 fois plus. 5 à 6 000 milliards d’euros (voir « Triple A pour triples ânes »).
Mais aussi vous voilà confronté au vieux dilemme « qui vient en premier, de l’œuf ou de la poule ? », la rigueur budgétaire ou la politique de croissance, la stratégie allemande ou française (nouvelle) ? La réponse est simple : les deux ensembles à condition qu’elles soient liées par le chaînon manquant.

On voit bien, aujourd’hui, que l’équilibre budgétaire des Etats est un objectif inaccessible sauf à mettre en péril des PIB stagnants, voir en récession. Au moins 20 à 30 milliards d’euros d’économies pour la France. Pourtant, au sein des budgets nationaux, il existe un poste contreproductif, le seul sur lequel on peut (et doit) exercer une pression répondant à ce double impératif. C’est le chaînon manquant : les intérêts de la dette (50 milliards d’euros pour la France).
 
En contrepartie d’une rigueur accrue et contrôlée des budgets nationaux, la BCE devrait pouvoir racheter les obligations du Trésor arrivant à échéances. Faire ainsi baisser le poids de la dette de 3 à 1% d’intérêt (si cas de la France) de 7 à 1% (si cas de l’Espagne). Seule l’Allemagne perdra le bonus dont elle tire avantage. Mais avantage illusoire si la crise s’aggrave.
Et pour l’avenir renverser la proposition. Si la zone euro doit veiller à l’équilibre des budgets des Etats membres, en toute logique il lui faudra interdire (sauf dérogation) aux Etats membres de pouvoir emprunter directement sur les marchés financiers. Fonction qui ne peut qu’être que du seul ressort de la BCE !
 
Ainsi nul besoin d’euros bonds, source inutile de conflits. Point besoin d’abandons nouveaux de souveraineté. Et aucun Etat ne sera tenu de payer pour les autres. Mais qui paiera ? Le monde entier, l’euro étant une monnaie de réserve (30 à 40% des échanges) sous forme d’inflation (modérée en raison de la récession) ce qui, 2ème avantage, « boostera » les exportations de la zone euro.
 
Vous n’avez plus, désormais, qu’un seul ennemi : le dogme imbécile de l’école monétariste (voir «Triple A pour triples ânes »), le prêt-à-penser de l’Allemagne. Donc un seul combat, mais qui nécessite l’alliance que vous venez d’esquisser à Bruxelles. Et, comme Caton l’ancien, votre seul leitmotiv sera : « il faut réformer le traité de Maastricht ! »
 
Voilà, M le Président, le premier de vos trois impératifs (et non 50 propositions) pour que votre mandat ne présente pas la vacuité de celui conduit par votre prédécesseur qui vouait la France à n’être plus qu’une zone économique de troisième ordre. 
Les deux autres impératifs seront énoncés sous peu.

mercredi 11 juillet 2012

A QUOI SERT LA COUR DES COMPTES ?



Ce 2 juillet de l’an de grâce 2012 Monsieur Didier MIGAUD, ex socialiste et premier président de ladite Cour, remettait au nouveau gouvernement socialiste (qui en avait fait le demande) son audit des finances publiques. 33 milliards d’euros à trouver d’ici 2013 pour ramener le déficit budgétaire pour cet exercice aux 3% fixés par le traité de Maastricht. 

Mais qui ignorait qu’il manquait de l’argent et à quoi bon être informé s’il est déjà trop tard ?

Mais non content de se livrer à un diagnostic déjà connu, le très actif MIGAUD donnait, ce qui est plus inhabituel, sa recette de financement : augmenter la TVA et la CSG ! S’il avait voulu « flinguer » le programme électoral de François HOLLANDE il ne s’y serait pas pris autrement. Ce MIGAUD là, qui donne quitus à l’ancien gouvernement, ne serait-il pas passé à droite (il doit sa fonction à Nicolas SARKOZY) ? 

On pourrait le penser d’autant que l’augmentation de la dette sous l’ancien gouvernement est passé au second plan dans son rapport : seul figure son accroissement pour le 1er trimestre 2012, il est vrai de... 72.4 milliards d’euros. Soit au moins 250 milliards d’euros pour l’exercice 2012 !!! Ce qui nous renvoie à ce que devait être la fonction première de ladite Cour : dénoncer les dérives de la gestion de l’Etat (et identifier les responsables), au premier rang desquelles, l’incurie au regard de la dette. 

Voici les chiffres (sommes empruntées par l’Agence France Trésor, en milliards d’euros) :










Par curiosité j’ai consulté les rapports de la Cour des Comptes pour la même période. V
oici les sujets (non exhaustifs) abordés par cette vénérable institution : 2002 : la politique de la ville

2003 : l’eau,
2004 : le...désamiantage du campus universitaire de Jussieu !!! 
2005 : les personnes âgées, 
2006 : les urgences hospitalières et le crédit d’impôt sur la recherche, 
2007 : le retard du secteur public dans l’emploi de personnes handicapées, 
2008 : l’Etat actionnaire, l’ANPE, les péages autoroutiers. 
2009 : Il faudra attendre 2010 et ce rapport 2009 pour que, enfin, soit abordée la question de la dette publique (18 pages sur 326), reprise en 2010 et 2011. Mais toujours de façon trop générique et impersonnelle, donc sans impact.

Ainsi la Cour des Comptes n’a servi à rien pendant 7 ans et à pas grand-chose depuis. Et on compte bien sur M. MIGAUD, nommé depuis 2010, pour qu’enfin elle soit utile à quelque chose. A défaut, autant en faire l’économie en ces temps de restrictions budgétaires.